Publié le 25 avril 2023
J.M. Guilloux est un membre du C.C.A.B., du club des cinéastes amateurs du Boulonnais. Le C.C.A.B. est né à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, en 1949, dans la ville en ruine de Boulogne-sur-Mer. Guilloux intègre rapidement le club et devient, en 1956, le président de celui-ci. Il se tâche de tenir plusieurs articles au sein de la revue du club, le Bulletin mensuel Objectif. Étant le seul club de la région, le C.C.A.B réunit de nombreux amateurs qui cherchent à développer leurs passions. Objectif est alors un moyen de communication entre les membres mais aussi entre les différents clubs de la région. Le C.C.A.B., malgré sa distance avec les autres clubs, se positionne comme une plaque tournante de films amateurs. La production prime dans le club : pour s’améliorer, faire vivre le club et présenter des films au concours, il faut en produire. Guilloux, cherche alors, à travers ces articles et ses connaissances, à promouvoir la production qui ne peut que permettre à un amateur de se perfectionner. Parmi ces nombreux articles, celui-ci témoigne bien de sa bienveillance envers les débutants qui veulent intégrer les clubs.
A travers cet article, nous pouvons à la fois percevoir la passion de Guilloux pour le cinéma amateur et son expertise. Nous avons très peu d’informations sur sa production et sur sa biographie. Nous savons qu’il aurait ouvert son premier ciné-club durant sa jeunesse, en 1923, pour parler des films qu’il voyait sur le grand écran. Quelques années plus tard, pour Noël, son père acquiert une caméra et un projecteur Pathé Baby. Le ciné-club se transforme alors rapidement en clubs de cinéastes amateurs : il se presse avec ses amis de louer des bobines, de monter, de coller les petits bouts de films tournés dans la région. Cette première expérience de clubs lui a fait comprendre l’importance de s’amuser dans la réalisation et qu’un débutant doit bien commencer quelque part…
Les cinéastes font-ils de grands clubs ?
Oui, je pose ici une question très précise : Les Grands Cinéastes font-ils les Grands Clubs ?
Personnellement et sans sourciller, je réponds : NON ! Ce ne sont pas les grands cinéastes qui font les grands. Je dirais même que le fait d’avoir de grands cinéastes dans un club l’empêche de s’agrandir. Pourquoi ? Parce qu’il y a trop de distance entre le lauréat du dernier national et le néophyte qui vient de se payer la caméra de ses rêves.
D’abord, qu’est ce qu’un Club ?
Un Club de cinéastes amateurs, c’est une société qui groupe des gens de toutes conditions, qui font du cinéma en amateurs, pour se distraire, qui mettent leurs productions en commun pour avoir l’avis de leur prochain et aussi pour glaner quelques tuyaux, afin de se perfectionner dans ce sport.
Qu’est ce, maintenant, qu’un grand Club ?
Selon les uns, c’est un club qui a le bonheur de posséder un crac, un champion, un écumeur de concours et de festivals! Selon d’autres, un grand club est celui dans lequel les membres sont en très grand nombre, membres qui ne sont pas affligés de la “concourite” qui ont un grand plaisir à passer quelques moments ensemble en visionnant très aimablement les productions des uns et des autres. Sans doute, quand l’un des cinéastes sort quelque chose de valable, on le présente à un concours, mais ce n’est pas le but poursuivi.
Si le cinéma d’amateur est uniquement une distraction, alors c’est très amusant; mais, s’il devient un second métier, une seconde profession, alors il perd tout son attrait, et le club devient une académie : Jugulaire, jugulaire !! La loi, c’est la loi !! Ceci est permis, cela ne l’est pas !! etc…
Alors, on s’enferme dans des règles cartésiennes d’une rigueur extrême, on bêche, on taille, on démolit, on massacre … et on dégoûte !!
C’est très joli, les règles et les lois, les “ce qu’on doit faire” et le “ce qu’on ne doit pas faire”, mais il n’a jamais été dit que le cinéma amateur avait pour but de singer le 35 m/m Pro.
Le cinéma d’amateur est avant tout une distraction et une récréation, ce qui ne veut pas dire non plus qu’il faille tomber dans l’excès inverse, c’est-à-dire supporter des bandes insipides ou des bandes truffées de défauts marqués. En tout chose considérons le juste milieu. Je n’ai jamais fait l’école buissonnière, je le regrette presque car ça doit être bougrement bon!
J-M Guilloux,
dans Objectif n°14, revue du Clubs des cinéastes du Boulonnais
Décembre 1960
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