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CHRONIQUES CINÉMATOGRAPHIQUES

milana T
Auteur(e) : Milana Tsakaiev

Publié le 31 mars 2023

Joseph STAELEN

“Une bouffée… du vent de Mai” en mars ? Une joyeuse phrase utilisée par Joseph Staelen pour motiver les jeunes recrues des clubs à produire les films. Joseph Staelen est une figure importante du cinéma amateur en Haut-de-France. Il entre dans le Club des cinéastes amateurs des Flandres (le C.C.D.F.) en 1963. Rapidement, il se place à des postes importants au sein de son club en veillant à augmenter la “productivité”. Dès son arrivée, il est adjoint à la cabine, puis au bar avant d’être nommé secrétaire adjoint en 1966, puis trésorier général en 1968 et enfin président en 1970. Il a réalisé de nombreux films en 8mm, notamment des films de vacances. À ce jour, ses films n’ont pas encore été retrouvés, mais, les critiques que nous avons pu retrouver dans le bulletin du C.C.D.F., nous indiquent qu’ils sont nombreux et fort appréciés par les membres du club. Ses films sont souvent humoristiques, réalisés avec précision, tact, et délicatesse. Dès son arrivée dans le club, il s’investit dans la rédaction d’articles sur différents sujets. Dans l’article ci-dessous, il valorise le loisir de cinéaste et motive les nouveaux membres à participer davantage :

 

Le Vent de Mai

Le vent de Mai continue de souffler
Toutes les institutions sont contestées. Les démagogues revendiquent des avantages matériels. La psychologie des foules submerge les consciences. Le dialogue devient langage de sourds, la participation un leurre… Les jeunes refusent une société de profit où le plus adroit exploite le moins doué. La civilisation industrielle, les techniques, la séduction de la facilité conditionnent le comportement des individus.

Dans notre monde de productions et de consommations, quelle qu’en soit la teinte, il faudra réapprendre à vivre pour quelque chose qui en vaille la peine. Il faudra réinventer des hommes ayant un idéal. Entre le travail et le sommeil, il y a la place pour un loisir créateur.
Que ceux qui s’ennuient le dimanche au volant de leur auto, que ceux qui passivement font du sport dans leur fauteuil, que ceux qui tuent le temps, qui somnolent devant la T.V., qui palabrent, qui ont le cerveau en chômage, qui PMUsent, qui belote et qui rebelotent, qui surboument…réapprennent le loisir culturel.

Le Cinéma d’Amateur offre beaucoup de séduction. Les caméras, les pellicules sont d’un prix abordable. Le matériel automatique assure un résultat toujours satisfaisant, et la maîtrise technique, avec quelques conseils, s’acquiert aisément. L’intérêt ne manque pas à qui vient de découvrir la boite magique.
Mais il y a un certain snobisme à faire du Cinéma. Enregistrer et projeter les images animées n’est pas une fin valable en soi. Les couleurs, la nature, la vie cueillie toute palpitante ne sont propriété de personne. La réussite ne donne pas le droit d’être satisfait de soi-même. Le danger, c’est d’imiter, de copier. La facilité, puis l’usure de l’imagination, la paresse, guettent le cinéaste amateur.

Le Cinéma est un langage, moyen d’expression. Le film est un spectacle. A travers le message un lien s’établit entre l’auteur et le public. L’un est indispensable à l’autre. Cette nécessité de communication entraîne un effort créateur individuel et les expériences collectives profitent à la sensibilité et à l’esprit de tous.
Le Club c’est le lieu où chaque semaine les passionnées viennent régulièrement se plonger dans le bain du Cinéma, jouir de plaisir esthétiques rares, découvrir les domaines ignorés. Mais c’est aussi le lieu où chacun peut trouver sympathie, compréhension, réponse à ses préoccupations. Le club c’est une vivante communauté humaine où chacun apporte son expérience, exprime ses doutes, ses espoirs. C’est le contact enrichissant des générations.
Jeune qui tient en toi les promesses du Printemps, viens parmi nous. Nous t’aiderons. Nous avons besoin de toi.
Apporte-nous une bouffée… du vent de Mai

Joseph Staelen”
Source : Revue VU PAR VUES du C.C.D.F., n°304, septembre 1970.